OPÉRATION COUP DE POING : LA SOCIÉTÉ CIVILE DÉNONCE DES DÉTENTIONS ARBITRAIRES

Depuis plusieurs semaines, des dizaines de jeunes sont détenus dans des conditions préoccupantes au centre CNSS de la Tsiémé, à Brazzaville, dans le cadre de l’opération « Coup de Poing » contre le banditisme. Des organisations de la société civile dénoncent des arrestations arbitraires, une justice au ralenti et des conditions de détention alarmantes. Face à l’angoisse des familles et aux critiques croissantes, les autorités sont appelées à garantir le respect des droits fondamentaux.

Plusieurs organisations de la société civile congolaise ont tenu un point de presse ce mardi pour dénoncer les détentions arbitraires de jeunes arrêtés dans le cadre de l’opération « Coup de Poing », visant à lutter contre le banditisme juvénile dans la capitale. Selon les intervenants, ces arrestations massives s’accompagnent de nombreuses irrégularités judiciaires et de conditions de détention préoccupantes.

Un centre de détention improvisé et des droits bafoués

D’après les organisations présentes, les jeunes interpellés sont retenus dans un site temporaire aménagé à la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) de la Tsiémé. Une situation jugée inacceptable par Gaspard Mienandima, l’un des orateurs du jour. « Les parents n’ont pas accès à leurs enfants détenus, et les conditions de détention sont alarmantes », a-t-il déclaré.

Il a également souligné que la procédure judiciaire semblait déficiente, avec un seul cabinet d’instruction – le 4ᵉ cabinet – chargé de traiter des centaines de dossiers. « Pourquoi un tel monopole alors que d’autres juges pourraient également instruire ces affaires ? » s’interroge-t-il, dénonçant une lenteur judiciaire qui maintient des jeunes en détention provisoire au-delà du délai légal de six mois.

Une justice au ralenti, des familles dans l’angoisse

De nombreux parents des détenus, présents lors de la conférence, ont témoigné de leur détresse. La plupart d’entre eux n’ont revu leurs enfants qu’une seule fois, lors de leur première comparution au parquet. « Nos enfants sont gardés sans aucun délai clair, sans jugement équitable », a confié un parent en larmes.

Face à ces abus, les organisations de défense des droits de l’homme exigent une clarification immédiate de la situation. Elles appellent les autorités à respecter les procédures légales et à garantir des conditions de détention conformes aux normes internationales.

Des conditions de détention inhumaines

En plus des détentions arbitraires, Joe Washington Ebina, autre intervenant de la conférence, a alerté sur les conditions de détention. Il a évoqué le manque d’infrastructures adéquates, aggravé par les fortes chaleurs qui rendent la situation insoutenable. « Il y a urgence à prendre des mesures pour éviter un drame humanitaire », a-t-il insisté.

Un appel pressant aux autorités

Face à cette crise, les organisations de la société civile demandent la mise en place d’une commission indépendante pour enquêter sur ces arrestations et évaluer la légalité de ces détentions. Elles exhortent également les autorités judiciaires à accélérer le traitement des dossiers et à permettre aux familles d’avoir accès à leurs proches détenus.

L’opération « Coup de Poing », initialement destinée à renforcer la sécurité dans la capitale, semble aujourd’hui soulever plus de questions qu’elle n’apporte de solutions. La pression monte sur les autorités pour garantir le respect des droits fondamentaux et éviter que cette campagne ne se transforme en une vague de répression aveugle.

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